La reconversion, une véritable aventure


Après avoir vu un nombre infini de publications, d’articles sur les réseaux sociaux incitant à la reconversion vers le métier de développeur, j’aimerais apporter un point de vue que je ne vois que rarement.

La reconversion est un voyage fabuleux, et le métier de développeur est formidable, mais on oublie trop souvent de mentionner à quel point le chemin peut être difficile à parcourir. Je parle ici de ma propre expérience, de personne ayant à peine effleuré l’informatique avant de devenir développeur.

De la construction de son projet à sa concrétisation le voyage est long et périlleux et mérite qu’on éclaircisse son déroulement.

Un itinéraire classique

Après un parcours scolaire tout ce qu’il y a de plus banal, je me suis orienté vers la chimie. Pourquoi me direz-vous ?

J’avais besoin de comprendre la nature profonde des choses. Je m’arrêtais à la chimie pour 2 raisons :

  • La physique me semblait bien trop difficile.
  • La biologie ne m’intéressait absolument pas.

Élève classique, j’ai obtenu un Master de Chimie des Matériaux et du Solide. Un titre assez pompeux pour dire “J’ai un niveau bac+5” et trouver du travail (en théorie), mais insuffisant pour trouver du travail en chimie (en pratique).

Après quelques mois d’intérim, j’ai fini par être recruté dans une entreprise spécialisée dans la recherche d’amiante. Un travail intéressant aux horaires décalés, avec du travail de nuit à l’époque.

Des débuts timides en informatique

Après environ 18 mois en laboratoire (et quelques nuits blanches), j’ai eu la chance d’être choisi pour effectuer le support du logiciel de ce laboratoire, poussé par l’envie de “passer de l’autre côté du miroir”. J’ai alors mis pour la première fois les pieds en informatique. Un nouveau monde s’ouvrait à moi. Le SQL m’a permis de débuter tranquillement (le niveau 0 du développement, me disait-on), puis est arrivé le VBScript, le premier langage de programmation que j’ai découvert. Un an de support à exécuter des tâches très répétitives m’a fortement motivé à chercher des moyens d’automatiser certaines de mes tâches.

Vous le devinez, c’est ainsi que j’en suis venu à envisager de me reconvertir en tant que développeur.

Le début du chemin

La reconversion est infiniment plus simple qu’avant, mais il n’y a pas de mode d’emploi, ou de guide pour vous dire quoi faire, et vous donner des renseignements.

Avant de vous lancer, il faut étudier un minimum la faisabilité de la chose, sous différents aspects :

  • Suis-je éligible à des aides à la reconversion ? (aides de votre région, financement Pôle Emploi)
  • Le métier que je vise est-il répandu ?
  • Quelle est la durée de la formation (envisager 12 ans d’études ce n’est pas la même chose que 2 quand on a plus de 30 ans, une famille et une maison, si si, je vous assure !)
  • Y a-t-il une demande forte pour ce métier ?
  • Quel est le niveau de rémunération ? (C’est une bonne situation, scribe ?)
  • Avez-vous des proches ou des connaissances qui font ce métier et/ou qui sont à même de vous aider à mieux le connaître ?

Réunissez toutes ces informations, discutez avec des connaissances de votre projet, alors vous pourrez conforter votre choix et vous lancer !

Passez à l’action

Vous pouvez maintenant passer à la chasse aux organismes s’occupant des personnes en reconversion professionnelle. Lors de ma reconversion, l’organisme auquel j’ai soumis mon dossier s’appelait Transitions Pro Bretagne. D’autres collègues de promotion étaient quant à eux financés par Pôle Emploi.

Étape cruciale de votre parcours, trouver quelle formation, dispensée par qui, vous permettra de trouver du travail simplement. Autrement dit, cette école est-elle connue des recruteurs dans la région, et si elle est connue, a-t-elle bonne presse auprès des entreprises.

La première étape est de constituer un dossier exhaustif autour de votre parcours professionnel. Cela vous permet d’étayer votre projet et de prouver la pertinence de votre projet de reconversion.

Assurez-vous de bien connaître les contraintes liées à votre financement. Dans mon cas de salarié, mon salaire était maintenu le temps de ma formation, mais pas dans le cas où j’effectuerais mon stage de fin d’études au sein de mon entreprise (je n’avais pas les ressources pour tenir 10 semaines sans revenus).

Théoriquement, votre reconversion ne doit pas avoir pour but de revenir dans votre entreprise initiale à un poste différent (bien que j’aie monté mon dossier ainsi et qu’il ait été accepté).

Les délais de traitement de ces dossiers sont assez longs (2-3 mois), et les rentrées dans les écoles peu fréquentes (1-2 par an). Veillez donc à prendre de la marge par rapport à votre potentielle rentrée scolaire à venir.

Soignez votre entrée

L’intégration d’une formation de reconversion en tant que développeur se base partiellement sur le passage de tests de plusieurs types :

  • psychotechniques (obligatoires) : suites logiques
  • mathématiques (obligatoires) : problèmes à résoudre
  • informatiques (facultatifs) : vous indiquez dans quel(s) langages vous souhaitez passer le(s) tests

Dans le cas de mon école, j’ai également

  • Rédigé une lettre de motivation avant de parvenir à l’étape suivante.
  • Passé un entretien rapide avec une personne de l’école afin de lui présenter mon projet.

Pour ce qui est des tests psychotechniques et des problèmes de maths, il faut se préparer et une multitude de sites web fournissent les ressources pour s’y entraîner. Pour les tests liés aux langages de programmation (s’il y en a dans l’école où vous passez vos tests), lancez-vous si vous en maîtrisez un ou plus, mais si ce n’est pas le cas, abstenez-vous.

Quant à un éventuel entretien, préparez-vous à défendre votre projet en ayant construit un argumentaire solide et simple à développer.

Préparez votre rentrée

Si vous avez du temps à consacrer au développement avant de commencer les cours, penchez-vous sur les multiples ressources que l’on trouve en ligne, notamment les cours d’OpenClassRoom, autour du html/css/javascript. Un petit tour sur le SQL en bonus si c’est possible pour vous.

Quelque soit votre degré de préparation (hormis si vous avez déjà des compétences dans le domaine), l’atterrissage risque d’être difficile.

Survivez à votre formation

J’ai véritablement souffert durant ma formation, mon cerveau étant constamment exposé à de nouvelles notions, à de nouveaux langages, qui m’étaient donnés à un rythme intenable. J’ai donc passé 8 mois à suivre 8 heures de cours plus 2 à 3 heures de travail personnel le soir, sans compter les week-ends.

Rétrospectivement, c’était une erreur de travailler de cette manière. J’aurais certainement mieux vécu ma formation en acceptant mes faiblesses et en me limitant à 1 ou 2 heures de travail chaque soir pas plus et en m’astreignant à ne pas coder le week-end. Plus je codais, plus j’étais perdu, et jamais le travail fourni le soir ne m’a débloqué sur un point de cours.

Vous n’êtes pas seul dans votre promo, vous n’êtes pas seuls à galérer dans votre coin. Vous avez certainement dans votre classe des personnes ayant des compétences avancées tout à fait à même de vous aider.

Acceptez le fait que vous ne pourrez pas tout intégrer, et que vous comprendrez certaines choses avec la pratique, après la fin de votre formation.

L’objectif de votre formation

Votre formation a pour but de vous rendre capable de débarquer un peu partout en étant capable d’apprendre un nouveau langage, un nouveau framework. Jamais une formation en un an ne vous permettra d’avoir le même niveau qu’une personne ayant passé 5 ans en école d’ingénieur.

Vous ne deviendrez pas un développeur “efficace” dès votre sortie de formation, vous aurez les bases pour le devenir. Vous saurez vous adapter à beaucoup d’environnements sans totalement débarquer de nulle part.

Le syndrome de l’imposteur

“Qu’est-ce que je fais ici ? Je ne comprends rien, pourquoi ils m’ont pris ???”

Mon refrain favori en formation, avec les crises de nerfs et le reste. Si vous avez été pris, c’est que vous avez montré que vous ne manquiez pas d’une certaine logique ! Par ailleurs, c’est que vous avez également su montrer votre motivation et votre détermination !

Un proche m’a dit dès le début “Tu vas en ch*** les 3 ou 4 premières années, c’est normal !”. Eh bien, je confirme, après 3 ans, je rame toujours. Les choses se débloquent les unes après les autres, mais je suis encore loin du compte.

Lancez-vous !

Si le métier vous intéresse, que le contexte économique est favorable et que votre première approche personnelle du sujet vous a plu, lancez-vous ! Il faut être prêt à souffrir, mais le jeu en vaut la chandelle, et pour rien au monde je ne reviendrais en arrière !

Le métier de développeur est un métier dans lequel les problèmes d’un jour ne ressemblent en rien à ceux du précédent ni du suivant. Les technologies évoluent constamment, et votre curiosité sera toujours en éveil devant la multitude de ressources que l’on trouve. Vous avez la liberté de tester des technologies, de les approfondir ou de les abandonner selon votre propre appréciation. Et si j’ai décrit ici le métier de développeur sous un seul aspect, il est en réalité multiple.

Front, back, devops, les options sont multiples, et vous n’êtes pas obligés de vous cantonner à l’une d’entre elles, ou au contraire, vous pouvez choisir de vous spécialiser et devenir expert C# par exemple.

Loin de moi l’idée de vous décourager, je cherche surtout à vous faire prendre conscience de ce que vous pourriez bien être amenés à vivre si vous envisagez de devenir développeur.

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