Reconversion : eldorado ou parcours du combattant ?


Une promesse, deux salles deux ambiances.

Les écoles d’informatique, les bootcamps, ont toutes le même discours : devenez développeur, y a du travail, y a de l’argent, et vous y parviendrez en quelques mois . Au menu :

  • bac +2 → du travail, beaucoup de travail
  • bac +4 → du travail, beaucoup de travail
  • bac +5 → du travail, beaucoup de travail
  • bac +6 → non j’déconne, ça n’existe pas

Promesse alléchante de changement de vie professionnelle, à laquelle j’ai cédé il y a quelques années, mais faut-il y voir une voie royale sur laquelle les entreprises s’arrachent vos talents ou un parcours du combattant, sur lequel les entreprises se font rares et oublient même jusqu’à votre existence malgré 1 ou 2 entretiens ?

Après 4 ans dans ma vie de développeur, il est temps de tirer des leçons de mon expérience afin de donner un contexte plus réaliste au rêve véhiculé sur LinkedIn.

Choisir son cursus

Plusieurs options se présentent au futur reconverti :

  • école A
  • école B
  • formation en ligne (type OpenClassroom)

Pour ceux qui comme moi ont besoin d’un prof présent afin d’apprendre, une formation en ligne était exclue. C’est un critère très personnel, j’ai un ancien collègue qui a effectué sa reconversion à distance sans difficulté.

Difficile de voir au-delà de la communication des écoles ce que nous réserve les futures années de cours. Comment départager les écoles dans ce cas ?

Pierre-feuille-ciseau ? Tirage au sort ?

Non, on arrive ici à la première étape de votre parcours : réunir des éléments tangibles sur lesquels vous appuyer pour faire votre choix.

  • Cas n° 1 : des proches travaillent dans le domaine 😃 → ce sont vos meilleurs alliés pour glaner des informations.
  • Cas n° 2 : personne dans votre entourage ne connaît le domaine 😰 → essayez d’élargir la recherche dans votre entourage, ami d’amis, vagues connaissances. Si vous trouvez, c’est gagné !
  • Cas n° 3 : vous êtes tout seul 😭 → il va falloir vous tourner vers les organismes qui gèrent le financement des formations de reconversion. Mieux, contactez des ESN pour vous renseigner.

Au final, ce qui compte le plus, c’est la réputation de l’école. Une école inconnue des entreprises locales n’est probablement pas un bon choix quand il existe des écoles connues et présentes depuis des années dans le secteur.

Si malgré tout vous souhaitez persister dans la voie de la formation en ligne, les plateformes étant multiples, renseignez-vous également. Certains recruteurs ne considèrent pas les formations de ce type comme une formation valable pour un développeur.

C’est la rentrée

Vous et votre cerveau allez penser code, manger code, rêver code pendant xx mois ou xx années. C’est très tentant de travailler en plus de vos cours, mais préservez-vous. Jamais le travail que j’ai effectué hors de mes cours n’a porté ses fruits, il n’a fait que renforcer mon stress. Pour tout dire, je suis sorti de formation mentalement vidé, et j’ai mis des mois à récupérer de cet épuisement mental.

Préservez-vous, si vous voulez malgré tout travailler en plus en dehors des cours réservez-vous des créneaux, 30 minutes le soir, 1h par jour le week-end, mais pas plus ! Le temps vous montrera que certaines notions seront comprises dans les mois voire les années qui viendront. J’ai compris certaines notions il y a quelques mois alors que je les avais vu en formation il y a 4 ans.

2 salles 2 ambiances

Mode easy

Vous commencez à être à l’aise dans votre formation, le code devient plus naturel, et le moment fatidique de trouver un stage/alternance/emploi arrive.

CV à jour, profil LinkedIn flambant neuf, vous attaquez les recherches de stage/alternance/emploi la fleur au fusil. Et là l’euphorie de la formation retombe comme un soufflé. 1, 2, 3, 10, 20 candidatures, et quand vous ne recevez pas un mail auto vous expliquant que malgré tout l’intérêt de votre profil vous ne correspondez pas au poste, c’est la douche froide.

Mode hard

Vous n’êtes pas attendu(e) comme le messie. La pire chose qu’on puisse faire miroiter à une personne qui se reconvertit c’est que le monde du travail n’attend qu’elle, parce qu’elle va y croire ! La désillusion est terrible quand on est persuadé que “ça” va être facile de trouver un stage / une alternance / un emploi.

Cela ne se limite pas au domaine de l’informatique, mais relève plutôt de l’écart entre le monde de l’enseignement au sens large et la vraie vie.

J’ai pu le constater dans un tout autre domaine, la chimie. Quand je suis entré en DUT le discours des profs disait “il y a plein de postes un peu partout en France”. À l’obtention de notre diplôme ces mêmes profs nous expliquaient qu’il fallait s’exporter et aller travailler à l’étranger. Ma réaction sur le moment a été de me dire “on s’est moqué de nous”, on était juste là pour alimenter une promo, sans aucune considération pour notre sortie d’école.

Rester objectif

Je n’ai pas eu le sentiment d’avoir été floué à la sortie de ma reconversion car le contexte économique n’était pas le même, les sorties d’école ne suffisaient pas à étancher le besoin de développeurs. Et pour parler de mon cas personnel, je savais que j’allais retourner dans mon entreprise, au pire sur mon ancien poste de support informatique, au mieux en tant que développeur.

Actuellement c’est l’inverse, les sorties d’école dépassent largement les besoins en développeurs. La tendance est à la recherche de développeurs immédiatement efficaces, et donc expérimentés.

Loin de moi l’idée de décourager les aspirants développeurs ou développeuses, j’aimerais simplement que mes futurs collègues soient conscients qu’il peut y avoir un écart important entre la bulle dans laquelle on se trouve pendant sa formation et le marché du travail qui vous attend à la sortie.

Se battre

Pour rester “dans la course” en sortie de reconversion, il faut que vous soyez très attentif à votre contexte local, suivre les entreprises de votre secteur sur les réseaux sociaux, afin d’être le plus réactif possible quand des offres se présentent, créer votre réseau professionnel, au gré des rencontres, des entretiens. Il est toujours plus facile de rentrer en contact avec une entreprise quand on a une idée des valeurs qu’elle communique au travers des réseaux.

Participer à des conférences, des talks, des ateliers est une bonne manière d’élargir votre réseau professionnel, car vous rencontrerez mécaniquement plein de personnes que vous n’auriez pas rencontré autrement. Quand une entreprise recrute (selon sa taille), on demande parfois “Tiens, est-ce que tu connais untel ?”, et le fait d’avoir croisé la personne à l’occasion d’un évènement tech créera immédiatement un point d’accroche, une première impression positive avant même de passer un entretien.

Vous apprendrez forcément des choses, même si le sujet n’est pas exactement dans vos cordes, et cela montrera que vous n’êtes pas le candidat lambda dont la lettre de motivation type a passé la première étape d’un processus de recrutement.

Que ce soit pour les réseaux sociaux, les candidatures, les évènements, il s’agit pour vous de marquer des points dans plein de domaines afin de sortir du lot.

Conclusion

Si je devais répondre à la question posée dans le titre de cet article, je dirais donc qu’il y a beaucoup plus de chances d’être confronté à un véritable parcours du combattant que de trouver un eldorado, dans lequel vous n’auriez qu’à tendre la main pour trouver un emploi.

Avant de vous lancer, pesez le pour et le contre, renseignez-vous (je réponds à des enquêtes métier de temps en temps, vous pouvez me contacter si vous êtes intéressé). Et au plaisir de vous retrouver au hasard des missions, des entreprises, ou tout simplement sur les réseaux !

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